Budget élevé, tourista, moustiques… comment s’en sortir ?
Résoudre le casse-tête du budget
Vous pouvez tourner le problème dans tous les sens, réaliser un safari au Kenya coûte cher, très cher même. Car une fois votre billet d’avion réservé, vous allez devoir faire face à des dépenses incompressibles : les entrées des parcs, le coût de votre guide, du véhicule…

Pourquoi voyager en autonomie n’est pas une bonne idée
Je pense que c’est possible mais aussi que c’est une mauvaise idée. Je voulais également au début louer un 4 x 4 et me contenter de payer les services d’un guide seulement à l’intérieur des parcs et réserves. Mais en réalité, l’autonomie est très limitée dans l’Afrique de l’Est pour plusieurs bonnes raisons.
- Premièrement, louer un véhicule est extrêmement cher – autour de 100 à 150 $ par jour d’après mes recherches – et aussi, extrêmement risqué. Je vous déconseille fortement de réserver une voiture depuis la France sans l’avoir vue au préalable et sans vous être assurés qu’elle est en bon état. Après, si trois roues vous suffisent, tant mieux.
- Deuxièmement, si vous avez le moindre problème (casse moteur, pneu crevé…), je vous souhaite bonne chance avec le service après-vente. Votre dépanneur peut venir dans 5 heures ou dans deux jours.
- Troisièmement, il est plus sûr de se promener pieds nus sur le périphérique parisien que de conduire au Kenya. Vous allez régulièrement devoir doubler plusieurs camions à la suite sans aucune visibilité. Le Kenya est d’ailleurs l’un des pays les plus dangereux au monde pour ce qui est de la sécurité routière avec environ 3.000 morts par an.
Par ailleurs, les transports en commun, bien qu’existants pour relier les agglomérations entre elles, sont peu recommandés en raison de nombreux accidents. Certains chauffeurs ont une petite tendance à rouler bourrés.
Tout ça pour en venir à la meilleure solution : le véhicule avec chauffeur. En réalité, cette solution ne vous coutera pas vraiment plus cher mais vous garantira de rentrer en vie et d’en profiter. De plus, la plupart des chauffeurs sont également guides animaliers ce qui vous permettra de repérer facilement les animaux lors des safaris. Tous les guides ont un œil de lynx et communiquent entre-eux via des radios pour se prévenir mutuellement de la présence des animaux au sein des parcs. Si vous préférez faire vos safaris seuls, vous verrez des herbes et des cailloux.

Un séjour individuel de 10 jours sur-mesure à moins de 2 500 €, c’est possible ?
Pour être honnête, j’ai choisi le Kenya sans réfléchir. J’ai vu des billets d’avion à 480 euros aller-retour et j’ai immédiatement validé mon panier. Et puis est arrivé le moment de l’organisation sur place et en même temps, celui de la panique générale. Car mes premières recherches étaient formelles, le Kenya est une destination hors de prix.
Le meilleur moyen de faire baisser la facture est de prendre un voyage de groupe. Mais le problème, c’est que je n’aime pas les gens et qu’un groupe, c’est un agglomérat de gens. Ce sera un voyage en individuel ou rien.
- Dans un premier temps donc, j’ai pris contact avec des agences françaises. J’ai demandé à chacune d’entre-elles (Terre d’aventure, Evaneos, Comptoir du monde et Tui) de me proposer un devis pour le même programme et les mêmes prestations pour un voyage de 10 jours. J’ai ainsi reçu quatre devis allant de 3 000€ à 3 300 € la semaine, sans les billets d’avion ! A plus de 4 000 € le voyage, j’imagine que vous pouvez au moins repartir avec un zèbre.
- Dès lors, j’ai absolument tout tenté pour faire baisser le prix en enlevant des prestations : supprimer la présence d’un guide dans les safaris à pied, ne pas avoir de chauffeur francophone mais anglophone, enlever des randonnées et visites, proposer de dormir en tente, supprimer le cuisinier, faire un don de cornée, détourner de l’argent public… Mais rien ne faisait diminuer significativement la facture.
La clé c’est de miser sur les agences kényanes
- Heureusement, un mois avant le départ, un ami qui revenait du Kenya quelques temps plus tôt m’a donné le contact d’un guide local rencontré sur place qui bossait pour Sojourn safari. Convaincue mais hyper méfiante, je contacte Robert, le boss, en lui demandant un devis pour exactement les mêmes prestations que ses concurrents français. Robert m’envoie trois jours plus tard le Graal : une proposition de séjour à 2 100 euros tout compris. C’est 1 000 € de moins que ce que j’avais reçu jusqu’à présent.
- Pourtant tout y est : accueil à Nairobi, randonnée au Mont Kenya, visite du parc national d’Aberdare, Lac Naïvasha, Crescent Island, Hell’s gate et le fameux safari dans le Masaï mara. Les entrées des parcs sont comprises, les hôtels et lodges de folie, ainsi que le véhicule privé, le chauffeur, les guides, les rangers, la nourriture (pension complète) et les bouteilles d’eau.

- Je cherche l’arnaque, mais il n’y en pas. La grosse différence vient surtout des commissions prises par les agences françaises qui font toute l’intermédiation. Rien ne vous empêche de choisir une agence proche de chez vous pour vous rassurer, mais gardez juste en tête que ce n’est pas parce que vous payez plus cher votre séjour que le personnel kényan qui vous accompagne sur place sera mieux payé…
- Au final, on s’est lancé auprès de cette agence, Sojourn Safari, et je dois bien admettre que tout était parfait et super fluide, qu’il s’agisse de l’élaboration du parcours, de l’accueil sur place et du déroulé du séjour.
- Et ce qui m’a vraiment plu, c’est que notre séjour n’était pas figé. Nous avons pu l’adapter au fur et à mesure selon la météo, notre état de fatigue ou les recommandations de notre chauffeur. Mike a vite compris que nous ne voulions pas faire les attractions touristiques basiques (visite du village Masaï, achat de souvenirs…) et nous a par exemple amené à Nairobi voir le quartier où il a grandi.
- Dernier point, si vous n’avez strictement rien à payer sur place, n’oubliez pas d’inclure les pourboires, surtout à votre chauffeur qui aura passé 10 jours dans la brousse loin de sa famille et qui va dormir dans « des abris pour chauffeur » au cours de votre trajet. Et si vous tombez sur Mike, soyez gentils avec lui, passez-lui le bonjour de ma part et dites lui que vous voulez payer 900$ pour voir des babouins, il comprendra.
Pour toute demande de devis, vous pouvez écrire à Robert via whatsapp (254)722661827 ou par email info@1-day-tours-in-kenya.com (en anglais). Et je vous promets qu’ils se défoncera pour vous vous faire ce que vous voulez sur mesure.
Et sinon, il a un site hyper artisanal ici mais vous trouverez ce qu’il vous faut.
Sécurité : le Kenya, c’est risqué ou pas ?
- Le risque terroriste est une réalité à Nairobi. Un mois avant que je parte, quinze personnes ont été tuées lors d’une attaque dans un complexe hôtelier de la ville. Mais au même titre que Paris ou Londres n’ont pas été épargnées, Nairobi a fortement renforcé sa sécurité. Avant de rentrer dans votre hôtel, vous êtes contrôlés à l’extérieur, vos valises sont scannées et vous passez au détecteur de métaux.
- Évidemment, la frontière proche de la Somalie est fortement déconseillée pour cause de risque d’enlèvement. Pour ma part, j’ai circulé au Kenya l’esprit tranquille grâce à mon t-shirt « Ma famille n’a pas d’argent et mon pays a un déficit public au-dessus de 3%. Personne ne paiera pour moi ».
Voyager au Kenya sans attraper la tourista, c’est possible ?
- C’était ma première fois en Afrique et j’avais extrêmement peur d’attraper la tourista. Alors avant de partir, j’ai été très claire avec mes intestins : « Les gars, aujourd’hui nous allons jouer à l’extérieur. Je ne tolèrerai aucune défaillance. On va les prendre ces trois points !« . Et je suis fière d’eux, ils ne m’ont jamais lâchée, une défense irréprochable. Au début, j’étais très méfiante, mais finalement, j’ai absolument tout mangé dans nos lodges et au restaurant, même des crudités et des salades de fruits. D’ailleurs, je tiens à préciser que l’on a hyper bien mangé tout au long du séjour.
- Côté santé, je vous recommande de vous plier au rituel du trio de vaccins : fièvre jaune, l’hépatite A et la typhoïde, et sur place, de suivre un traitement anti-paludique.
- Et concernant les moustiques, étant allergique, j’avais fait la totale. Avant de partir, j’ai fait tremper tous mes vêtements dans une solution anti-moustique (Insect Ecran Vêtement Concentré Insecticide). Noter bien qu’il ne faut pas les passer au sèche-linge mais les laisser sécher naturellement. C’est une chouette expérience, vos vêtements vont gouter pendant deux jours et votre maison sentir le vestiaire de piscine pendant une semaine. Mais c’est super efficace. Puis sur place, je vous recommande de porter des vêtements amples et longs, de préférence de couleurs claires et d’utiliser un spray anti-moustique. J’ai eu de la chance, en février, nous en avons quasiment pas vus.
Matériel photo : qu’apporter pour un safari ?
- Si vous avez un appareil réflex et que vous aimez un peu la photographie, sachez que vous serez particulièrement frustrés en safari si vous n’avez pas de téléobjectif. Inutile de vous dire que vous n’allez pas pouvoir approcher les animaux à votre guise sans vous faire tuer. Alors il vous faut un bon gros zoom.
- Un téléobjectif de 300 mm, c’est le minimum syndical pour prendre correctement les animaux, mais vous allez être limités si vous voulez photographier des sujets plus petits comme les oiseaux. Je pense que le mieux, c’est d’avoir un 400 mm à 500 mm.
- Évidemment tout cela coûte une blinde (au minimum 1 000 €) et à moins que vous espionnez régulièrement votre voisine nue chez elle, vous n’allez pas avoir l’utilité d’un téléobjectif au quotidien. La meilleure solution reste de loin la location.
- Pour ma part, j’ai loué un Canon 100 – 400 mm avec une ouverture maximale de f/4.5. L’ouverture, c’est très important pour avoir le maximum de lumière et pouvoir bien détacher votre sujet du fond.
- Concrètement, cet objectif coûte 2 400 € neuf et moi, je l’ai loué pour 15 jours pour 150 euros (assurance comprise) chez objectif-location.fr. La location est simple à réaliser, tout se fait en ligne. Vous recevez en temps et en heure votre objectif chez vous par Colissimo et vous le renvoyer dans son caisson à votre retour.
Épilogue de ce séjour : Nairobi, la capitale mouvante
Sur la route de l’aéroport, nous avons fait un dernier arrêt, au sein de la capitale Nairobi.
Nairobi est une ville qui ondule comme un fleuve. Elle bouge lentement mais ne s’arrête jamais. Les motos, les camionnettes et les bus coulent le long de ses immenses boulevards. Nairobi crie, siffle, soupire et klaxonne en permanence. Le soleil fait craquer le toit de notre van qui se ramollit. Même la poussière ne monte pas haut, tassée par la chaleur.
La ville est moderne, avec tout ce qu’il faut de ponts, d’autoroutes, d’hôtels clignotants, de banques étrangères et de buildings brillants. Mais elle est très confuse. Sur toutes ses collines, à l’infini, s’étirent des townships aux toits argentés ou rouillés. Les baraques au ras du sol, sont minuscules et écrasées par des taules. On dirait que ces abris ont été bâtis très vite comme s’ils ne devaient durer qu’une semaine. J’ai l’impression que bientôt tout cela ne sera plus là. Pourtant, rien ne partira.
Notre chauffeur, Mike, nous invite à le suivre fièrement dans son restaurant préféré, niché en haut d’un immeuble qui abrite de son ombre la petite place située en-dessous. Après un déjeuner rouge, jaune, pimenté et odorant, nous filons dans le quartier où il a grandi. Je lui ai demandé de nous montrer sa ville, celle qu’il connaît et qui ne connaît aucun blancs. Nous traversons un pont et entrons dans un dédale de taules. Ce sont ses murs, son pont, son carrefour où il faut tourner à droite, son coiffeur moqueur, son raccourci. Il connait tous les passants et est heureux de nous jeter dans son bain.

Je le suis de près, mes pas dans ses pas. A mesure qu’on s’enfonce dans le bidonville, la lumière se tamise jusqu’à ce que je ne sente plus les rayons brûlants. Il faut imaginer un marché, où les fruits et légumes n’existent pas. Seuls des lavabos, des toilettes et des moteurs de moto de récupération forment les étals. Le sol en terre battue est noir, des hydrocarbures coulent au milieu des flaques. La chaleur m’assomme mais l’odeur d’urine me maintient éveillée. Les vendeurs de fortune nous regardent curieusement. Je n’ai pas l’air d’avoir besoin d’une chaîne de vélo graissée. Je suis là pour voir mais j’ai du mal à regarder. On me propose des drogues que je ne connais pas. Le blanc de leurs yeux est jaune, leurs iris rougis.
On continue plus rapidement dans les ruelles sinueuses pendant encore de longues minutes. Nous voilà dans le quartier des réparateurs de voitures. L’huile de vidange coule en arc-en-ciel dans le cours d’eau. Je me penche par dessus le muret pour voir quelle tête peut bien avoir le ruisseau. Mais je n’arrive pas à dire s’il existe encore. C’est une décharge de plastique qui descend la colline. « Avant on se baignait, quand j’étais enfant. Mais j’ai l’impression que ça s’améliore depuis quelques années » essaie de me rassurer Mike.

Nous rejoignons finalement une rue qui affiche toutes les caractéristiques d’une rue : du bitume, des trottoirs, un caniveau. Mike nous montre son école et rit en nous présentant à renfort de grands gestes, son fameux terrain de foot en pente. « Il y avait toujours une mi-temps meilleure que l’autre« , ricane-t-il.
Je ne regrette pas d’être enfin descendue du van et d’avoir foulé par moi-même un peu ce Kenya caché, sali, misérable et grouillant. Je retournerai maintenant sans crainte en Afrique de l’Est, je veux tout voir.
Bonjour,
Coté budget quand vous dites 2100 euros c’est pour une personne dans un groupe de 2 pour une semaine ?
merci
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Bonjour, oui il s’agit du prix par personne pour un groupe de deux avec véhicule privé et chauffeur pour 10 jours environ (sans le billet international). Le prix peut varier selon les activités et les hôtels choisis. Mais Robert fait tout au sur mesure et selon le budget, faut pas hésiter à lui demander un devis !
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