USA #3 : Le jour où j’ai dû camper illégalement à Valley of Fire et éviter les rangers

Si vous voulez les pires conseils pour éviter les rangers du Nevada sans finir à Guantánamo, c’est par ici.

Après avoir quitté Zion national park sous les gouttes, nous roulons en direction du Nevada, à la recherche d’un endroit sec où passer la nuit. Cependant, l’averse n’est pas disposée à nous quitter et traverse les états avec nous. On peut facilement l’amener dans le Sahara si vous voulez.

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Nous avons choisi de nous rendre à l’endroit le plus sec du Nevada : Valley of fire. C’est impossible que la pluie et la neige nous suivent jusque dans la vallée du feu.

Il nous reste encore deux heures à parcourir sur une route strictement droite et monotone. Soudain, de nombreux appels de phares nous réveillent pendant que je dormais en conduisant avec les genoux. Tous les véhicules que nous croisons ont l’air horrifiés. Sûrement un piéton coincé dans le par-choc de notre camping-car. On ne s’affole pas pour autant, nous n’avons aucune envie de descendre sous la pluie pour faire un contrôle technique en bord d’autoroute. Ce ne sera que le lendemain matin, que nous découvrirons que nous roulions avec notre tuyau à caca qui volait sur le côté de notre camping-car, emporté par le vent. J’avais visiblement oublié de l’enfermer avec le sourire dans son coffre. Si c’était un avion, j’aurai répandu de l’urine et de l’eau de vaisselle sur deux états des USA.

Mais revenons au récit. Nous quittons la voie rapide pour emprunter une petite voie qui navigue entre les cactus et rochers. Les gouttes continuent de tomber avec fracas sur le carénage et à s’enfoncer dans le sable et l’argile rouges.

La nuit approche lorsque nous arrivons finalement à la barrière qui marque l’entrée du parc, toujours sous le déluge. Nous glissons les 10 dollars demandés dans la boîte prévue à cet effet et pénétrons sur les routes tortueuses de Valley of fire. Nous savons qu’il n’y a que deux petits campings à l’intérieur, et aucune réservation en amont n’est possible. C’est la politique du « premier arrivé, premier servi » qui prime. Si c’était « le premier qui mange 5 mottes de beurre et boit 6 litres d’huile, est le premier servi », j’aurais gagné haut la main. Mais là, devoir respecter des horaires pour gagner, c’est mal me connaître. Arrivées vers 19h, nous n’avons plus aucune chance de trouver un emplacement libre. A moins de se garer discrètement sur une tente et étouffer le campeur, c’est foutu pour cette nuit.

Camper illégalement, mode d’emploi

La panique nous envahit peu à peu. De nombreux panneaux nous rappellent qu’il est strictement interdit de dormir dans le parc sur un espace non autorisé. On se gare alors à l’entrée du camping en attendant un signe divin. La pluie redouble. Mais alors que je songe à relier le pot de l’échappement à l’intérieur de la cabine fermée, quelqu’un toque à ma vitre. Je la descends avec méfiance. Un naufragé de la nuit et du déluge, comme nous, m’interpelle. Il est borgne, son oeil gauche est caché sous un bandeau de pirate (véridique). C’est mal parti. Il nous propose une solution alternative : « Si vous voulez les filles, mon pote et moi-même, avons une bouteille de vin rouge et allons dormir à une heure d’ici, dans une station service, sur un parking à camions. Ça vous dit ? ». A mesure qu’il prononce ses mots, je remonte ma vitre, si bien qu’il est obligé de crier pour finir sa phrase. Je verrouille la porte et enclenche la marche arrière. En quelques secondes, j’arpente à nouveau les allées du camping avec la ferme intention de forcer le destin.

Nous trouvons alors une place de parking. Ce n’est pas un vrai emplacement pour s’installer, mais au moins, on a le droit de se garer. Tout le monde nous a mis en garde, les Rangers ne rigolent pas et l’amende est de près de 200 $. Nous restons tapies dans l’obscurité de la cabine, comme si personne ne pouvait voir notre camping-car de 11 m de long. On songe d’ailleurs à le couvrir de feuillage et l’enduire de boue.

Pour nous rassurer et parce qu’on n’est pas des gitans, nous décidons d’aller payer notre faux emplacement en glissant 30€ dans une boîte en bois, comme si de rien n’était. Nous finissons par nous endormir, la chevrotine à côté du lit.

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Le lendemain, réveillées par les rayons du soleil, nous constatons que nous avons passé la nuit. Nous ne sommes pas à Guantánamo. Notre voisin allemand s’en va, libérant ainsi notre sésame tant convoité. Je cours payer une nuit supplémentaire alors que les rangers débarquent sur le site. Je reviens en sautillant, émerveillée par les paysages qui nous entourent et le soleil qui perce enfin.

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Les campings situés dans l’enceinte de Valley of fire sont très bien pensés. Vous avez absolument tout ce dont vous avez besoin pour un RV : électricité, eau potable, abris, table de pique-nique et barbecue. La cuve à eaux sales est à la sortie du camping.

Pourquoi vous devez absolument faire un stop à Valley of fire :

  • C’est un petit parc que vous pouvez faire facilement en une journée. Les randonnées sont incroyables au milieu des canyons, des falaises, des arches et des roches arc-en-ciel.
  • Il y a plein de kéké en Mustang décapotables qui viennent depuis Las Vegas se faire photographier. Il faut tous les klaxonner quand vous les croisez avec votre camping-car (qui a une photo de chien sur sa porte, je vous le rappelle).
  • Dormir sur place est indispensable pour voir le coucher de soleil et le lever pour les braves.
  • Parce que c’est mon parc préféré. J’étais heureuse là-bas, je suis retournée à l’état sauvage.

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Randonner dans les canyons en se perdant

Vous avez plusieurs randonnées à réaliser le long de la route. Renseignez-vous auprès du centre pour visiteurs qui vous donnera les cartes qui vont bien. Nous en avions choisi une petite d’une heure mais elle aura duré deux heures car nous nous sommes perdues dans un canyon. Nos avons réussi à retrouver notre chemin grâce à tous les déchets que j’avais semé sur notre route.

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Surtout n’hésitez pas à rester bloqué 127 heures entre deux rochers. C’est l’endroit parfait pour se ronger l’avant-bras avec les dents.

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Après deux journées sublimes passées presque seules dans ce paradis de rochers, il est temps de reprendre notre route et cette fois-ci, vers la civilisation. Je commence à négocier avec mon amie une ou deux nuits supplémentaires ici. Tranquillement, elle dispose sur le sol une assiette remplie de beurre et de fromage pour m’appâter. Instinctivement, je me rue dessus sans méfiance. Elle tire alors une fléchette tranquillisante dans ma fesse droite et m’enferme dans la douche du camping-car. En moins d’une heure de trajet, elle nous amène en roue-arrière sur l’autoroute, dans la ville du vice : Las Vegas.