Oman #4: Cap sur Mascate

Pour finir ce séjour, nous avons rejoint Mascate, la capitale, pour renouer avec la civilisation humaine et recommencer à nous laver.

Jours 8 à 10 : Retour à Mascate

Nous quittons ce matin-là nos montagnes reculées pour monter à la capitale. Il nous faudra près de trois heures et une tempête de sable pour y parvenir. A notre arrivée, la ville nous agresse un peu. Nous n’avons pas vu autant d’agitation depuis huit jours. Effrayées par les feux tricolores et les klaxons, nous nous réfugions sous une voiture et attendons la nuit pour nous déplacer. Nous finirons par rejoindre le Grand Millennium Muscat, situé près de la Mosquée. Habituée au service prestigieux de notre hôtel précédent, je suis scandalisée par l’absence de voiturier. Je vais devoir à nouveau respirer et digérer par moi-même. Le choc est violent. Ma détresse a de quoi faire relativiser les problèmes de la Syrie.

Tant bien que mal, nous nous installons dans notre chambre qui domine toute la ville. Nous finirons par nous adapter à la dure vie locale grâce à la piscine située sur le toit.

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Visite du port de Mutrah

Mascate s’entend tout au long de la côte et se répand entre les collines. La ville est très vaste, sans réel centre-ville. Chaque quartier est séparé de ses voisins par une autoroute à trois voies ou un terrain vague. Autant vous dire que vous n’êtes rien sans votre voiture.

Nous rejoignons le port dominé par la corniche de Muttrah. Nous contournons soigneusement le souk, bien que conseillé pas les guides, afin d’éviter les touristes béats devant des foulards vendus au prix des tapis, vendus eux-mêmes au prix d’un terrain constructible. La baie est agréable, quelques boutres traditionnelles trônent au milieu de la mer. Mais alors que nous savourons nos frites surgelées en terrasse, un omanais nous aborde. Instinctivement, je souffle et crache comme un chat, en gonflant les poils de mon dos. C’est un chauffeur de taxi nommé Saïd. Il entame la conversation en nous posant cette question universelle « Where are you from ? » qui signifie dans toutes les langues : « Tu peux bien venir d’Alep ou de Perpignan, j’en ai rien à foutre, dans dix secondes je vais t’arnaquer et prélever ton argent, ton sang, ton plasma et ta moelle épinière si on est compatible ».

Nous faisons semblant d’être aimables, impossible de s’enfuir avant d’avoir fini nos frites. Saïd en profite et nous parle longuement de lui et de sa passion pour la France. Soudain, c’est le déclic dans sa tête. Il peut nous conduire gratuitement à travers la ville en devenant notre chauffeur personnel. Je refuse poliment la proposition, la seule chose que j’attends de lui, c’est qu’il me remplace au travail et paie ma taxe d’habitation. Mais rien n’y fait, il insiste. Nous parviendrons malgré tout à nous enfuir en courant tout droit au détour d’une ruelle, sans jamais nous retourner.

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Le jour où nous avons essayé de visiter la Mosquée du Sultan Qabus

La mosquée du Sultan Qabous est la seule que l’on peut visiter à Mascate. L’édifice peut accueillir jusqu’à 20 000 fidèles et possède l’un des plus grands tapis persan au monde, de 60×70 mètres. Enfin un tapis à la bonne taille pour planquer dessous tous les problèmes de ma vie. Je ne pouvais pas manquer ça.

Nous nous présentons donc à l’entrée, en ayant pris soin de porter des jupes et manches longues, ainsi qu’un foulard pour les cheveux. Toutefois, le cerbère de l’accueil juge la tenue de Sabrina inadaptée, sa jupe étant fendue au niveau de la cheville. Grâce à mes mœurs irréprochables, moi, je suis la seule autorisée à entrer. Je n’ai que 20 min avant que l’édifice ne ferme pour le public. Je m’élance ainsi en courant au milieu des jardins et du marbre glissant. Sous mon voile noir, je tiens plus de la sueur que de l’être humain. J’admire autant de pièces, de lustres, de tapis et de dorures que j’ai le temps d’apercevoir. Mais déjà, il est temps de s’enfuir. Je cours en sens inverse pour sortir à temps. Mais soudain, j’entends mon prénom. Quelqu’un m’appelle. Je me retourne et là, le choc : Saïd ! Radieux et avenant, il s’égosille : « Alors ça t’a plu ? Tu veux une visite privée de la Mosquée ? Tu veux que je te conduise au souk ? Tu veux m’acheter des foulards 3 fois leur vrai prix ? Tu peux payer ma pension alimentaire ? ». Je ne m’arrête pas et reprends ma course en lançant des fumigènes derrière moi.

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Vérifiez bien les horaires avant de tenter l’aventure de la mosquée. Elle n’est ouverte que de 8h30 à 11h et est fermée le vendredi.

Épilogue de ce séjour à Oman

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